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Le lendemain on chassa le sanglier : cette chasse dura quinze jours. La manière dont elle se pratiquait est fort curieuse. Quand l’animal était forcé, deux grands chiens s’élançaient sur lui, le saisissaient chacun par une oreille, se collaient à ses flancs et le maintenaient tellement serré entre eux que le sanglier était arrêté net. Les gardes arrivaient avec un baillon, le muselaient sans qu’il pût se défendre, lui retenaient les quatre pieds dans un nœud coulant et faisaient lâcher prise aux chiens qui repartaient sur la bande. Quant aux prisonniers, on les portait à la voiture qui leur était destinée, on ouvrait une porte par derrière, on les débarrassait de leurs entraves et ils tombaient dans Ja caisse profonde de cette voiture. On en prit ainsi cinquante, au grand amusement de l’empereur, qui avait fait préparer un enclos près de la route de Paris pour déposer ces animaux vivants, ainsi que deux loups faits prisonniers de la même manière. Cet enclos était une rotonde dans l’intérieur de laquelle on avait disposé des gradins en amphithéâtre pour la cour. On faisait reculer les voitures contenant les sangliers jusque dans l’intérieur, et c’était plaisir de les voir tomber sur le sable et s’élancer, furieux, contre les palissades. L’empereur s’arma d’une carabine et commença le massacre, en gardant les loups pour la fin ; puis il permit aux officiers de sa cour de s’exercer et de terminer la fête. Les sangliers furent partagés à la garde, à l’exception de trois des plus gros qu’il se réserva.