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de se lever de table et de passer au salon. Comme je restais immobile devant ce beau service, le général maître de cérémonie me vint prendre par le bras.

— Sergent, me dit-il, venez avec moi, je vais vous faire goûter du vin de l’empereur. Asseyez-vous là, votre peloton aura son tour. — Je trouvai le vin bon, et mes grenadiers furent de mon avis.

Cette fête fut suivie de plusieurs autres, et notamment du fameux bal donné par l’ambassadeur d’Autriche, et qui se termina par un incendie. La première émotion de ce lugubre événement passée, l’empereur partit pour Saint-Cloud. Il aimait ce beau parc rempli de gibier de toutes sortes, entre autres de gazelles, que chaque soir il allait visiter avec Marie-Louise, dans le parterre de la porte du haut. Je m’y trouvais un soir, par hasard, En les apercevant, je voulus me retirer ; l’empereur me fit signe de rester. Je me mis, par discrétion, sur le côté, et voilà que je vis arriver des gazelles qui se mirent à galoper et à bondir autour de leurs majestés. Ces petits animaux sont très-friands de tabac : l’empereur avait toujours sa petite boîte à la main pour les satisfaire. L’un d’eux ne trouvant pas, apparemment, sa majesté assez prompte, baisse brusquement la tête jusque sous la robe de Marie-Louise et me fait voir, vous savez !… du linge bien blanc !

Napoléon, furieux, ne se possédait plus. Je me retirai au plus vite, feignant de n’avoir rien vu. Le souvenir de cette jolie scène me fait encore plaisir.