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je ne perdis pas contenance, et je répondis assez lestement : Mon capitaine, je me croyais encore en pays ennemi, et Vous savez que si on ne prend rien, on croit avoir oublié quelque chose. — Très-bien, me dit-il ; restez : Je vais envoyer mon domestique à la caserne, et vous passerez la soirée avec nous. Tenez, ajouta-t-il en me montrant sa fille, voici votre dénonciateur.

Je rentrai à la caserne des Capucines, près la place Vendôme, et le lendemain matin je reçus une lettre de madame ***, qui me priait de passer chez elle à onze heures du matin. Voilà mon imagination en travail. Je cherche de suite un camarade pour prendre la garde à ma place ; je me mets sur mon trente-et-un, je monte en cabriolet, et je me fais conduire à l’adresse indiquée.

Comment raconter ce qui m’advint alors ? Les mœurs des belles dames de l’Empire étaient moins sévères que celles des belles dames d’aujourd’hui, et la garde avait droit à leurs plus charmantes faveurs… Quand je rentrai à la caserne, j’étais hors de moi : je tremblais sur mes jambes comme un homme ivre.

Mais je parle de mes jambes ! Que d’embarras elles me causèrent. Je voulus une fois profiter d’une permission de vingt-quatre heures et consacrer tout ce temps à ma précieuse conquête. Elle applaudit à ce projet. Son époux était absent, et la nuit même on était libre ! Me voilà pris ! Je n’avais pas songé à mes faux mollets. Comment les ôter en présence d’une si