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cupai de ma toilette. Il me fallait de rigueur des bas de soie pour porter dignement l’épée, et comme j’avais passé à Saint-Malo, je n’avais pas de mollets : je fus réduit à en prendre de faux. Je trouvai mon affaire au palais Royal ; je les payai dix-huit francs. De cette manière, je réussis à me faire une jambe passable.

Je fis mes visites officielles : je reçus force compliments sur ma belle tenue. Rentré à la caserne le soir à neuf heures et satisfait de ma journée, je trouvai une lettre de mon capitaine Renard qui m’invitait pour le dimanche à dîner, me disant que sa femme et sa fille désiraient me voir, pour me remercier d’avoir fait coucher mon capitaine dans un tonneau le soir de la bataille d’Austerlitz. Je me rendis à cette invitation et je me trouvai en compagnie de militaires de distinction, de bourgeois et de dames de haut parage. J’étais un peu confus au milieu de toutes ces autorités, parmi ces belles dames ornées de plumes et de bijoux. Je me sentais petit dans ce beau salon. Mon capitaine vint à mon secours, me présenta à madame Renard et aux autres dames, ainsi qu’à ses amis, et je ne me trouvai plus si isolé. Mais j’étais toujours timide et je regrettais ma pension où j’aurais été bien plus libre.

On passa dans la salle à manger et je fus placé entre deux belles dames qui ne paraissaient pas fâchées d’être éloignées de leurs maris. Elles me mirent à mon aise en s’occupant de moi. Au second service, la gaîté était déjà sur tous les visages. Quand on en fut au vin de