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aux Tuileries. On s’occupait alors des préparatifs pour la cérémonie funèbre du maréchal Lannes, dont les restes étaient déposés dans une salle de l’hôpital du Gros-Caillou sur un lit de parade, en grand uniforme de sa dignité. Cette solennité eut lieu avec toute la pompe due à son rang. Cent mille hommes formaient le convoi de cet illustre guerrier qui partit du Gros-Caillou pour se rendre au Panthéon. Je fus du nombre des sous-officiers qui portèrent le corps ; nous étions seize pour le descendre dans le caveau. Toute l’armée défila devant les restes du vaillant homme. La cérémonie finit seulement à minuit.

À la caserne, j’étudiais mon service de sous-officier ; je travaillais la théorie, je m’appliquais à écrire, et un jour, étant de garde à Saint-Cloud, je fis mon rapport, avec les noms de mes cinquante grenadiers très-correctement écrits. Je le portai à M. Belcour qui fut content de la netteté de mon écriture : — Continuez, me dit-il, vous voilà sauvé !… Combien il me rendit heureux !

Cependant j’étais toujours plus fort en pratique qu’en théorie ; je surpassais mes camarades pour le ton du commandement, et j’étais désigné comme ayant la plus forte voix. Quoi qu’il en soit, je me trouvais bien fier avec mon grade de sergent et mes quarante-trois sous par jour, surtout quand je comparais à cette position les malheurs de mon enfance.

J’avais des visites indispensables à rendre : je m’oc-