Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/221

Cette page n’a pas encore été corrigée
19

couchâmes sur le champ de bataille que nous avaient cédé les Autrichiens.

L’empereur nous fit former en carré, demanda sa peau d’ours et s’endormit au milieu de nous. De tous côtés sous nos pas roulaient des masses de boulets, Chacun de nous eût pu en ramasser quarante ou cinquante ; cela donnera l’idée de ce qu’avait été la canonade de Wagram.

Le lendemain, nos colonnes se mirent en route de grand matin pour poursuivre les Autrichiens et se portèrent vers Olmütz ; mais nous reçûmes bientôt l’ordre de nous arrêter. L’archiduc, accablé, demandait la paix. Les conférences s’ouvrirent sous la tente de l’empereur, et les paroles données de part et d’autre, nous partîmes pour Schœnbrünn. Napoléon régla ses comptes avec l’empereur d’Autriche, la paix fut signée, nous eûmes quelques centaines de millions pour payer les frais de la guerre, et l’évacuation de Vienne commença. Alors nous reçûmes l’ordre de revenir à Paris, où nous attendait, comme toujours, l’enthousiasme du peuple parisien. Nous revenions couverts de nouveaux lauriers, mais, hélas ! beaucoup d’entre nous manquaient à l’appel.

À l’entrée de Paris, la foule était immense sur notre passage ; toute la population était sur pied. On nous fit passer sous des arcs-de-triomphe et on nous mena aux Champs-Élysées où la ville nous offrit un festin. Mais la pluie qui tombait à flots nous gêna beaucoup et gâta tout le plaisir que nous aurions pu prendre.