Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée
18

Il y avait à l’extrémité de l’île Lobau un îlot fortifié, occupé par les Autrichiens, qui avaient ainsi un œil ouvert sur nos mouvements et pouvaient découvrir le secret de notre passage. Le colonel Frédérik reçut l’ordre d’enlever cette position. À minuit, des radeaux préparés à l’avance et pouvant porter deux cents hommes, reçurent le brave colonel avec ses grenadiers et ses voltigeurs. L’obscurité et la pluie qui tombait par torrents favorisèrent la petite expédition qui, prenant sans bruit l’île par le travers, aborda sur le sable, s’empara de la position et fit la garnison prisonnière sans brûler une amorce. Deux mille sapeurs du génie, arrivant aussitôt, creusèrent des tranchées et des chemins pour faire passer les pontons et l’artillerie. Au jour, nous étions, sans que l’ennemi s’en doutàt, à trois lieues au-dessous de ses travaux et des nôtres. En un quart-d’heure trois ponts étaient jetés sur ce point.

À dix heures du matin, cent mille hommes se déployaient dans la plaine de Wagram, et à midi toute notre armée était en ligne. Nous avions interverti les rôles : les Autrichiens tournaient le dos à la France, et nous nous regardions Vienne. Sept cents pièces de canon étaient en batterie, chaque batterie de cinquante pièces. Le feu s’ouvrit par des décharges étourdissantes, et le combat s’engagea terrible et acharné.

On connaît les détails de cette bataille. Nous ne fîmes qu’y assister, sans y prendre une part active : on n’eut pas un instant besoin de nous. Le soir, nous