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de Schœnbrünn visiter les travaux, puis il montait dans son sapin pour examiner l’ennemi qui, de son côté, ne restait pas dans l’inaction et hérissait la rive opposée de redoutes et de retranchements. Il revenait tout joyeux au palais, causait avec ses vieux soldats et se promenait dans la cour, les mains derrière le dos. Il s’occupait aussi à combler les vides que la mort avait faits dans sa garde. Puis il manda quelques acteurs de Paris et donna la comédie aux dames de Vienne dans son palais de Schœnbrünn.

Durant ces trois mois de trève, mon bras droit se remit de son engourdissement, et je me perfectionnai dans la lecture et l’écriture. Mes maîtres étaient contents de moi.

Vers la fin, l’Empereur voulut montrer un échantillon de son armée aux amateurs de Vienne ; il passa une revue de cent mille hommes sur les hauteurs à gauche de la ville. De là, les corps reçurent l’ordre de se rendre dans l’île Lobau pour le 5 juillet, jour de l’expiration de la trève.

Pour atteindre l’ennemi, nous étions obligés d’effectuer une seconde fois le passage du Danube. Mais comment établir des ponts sous les yeux et sous le feu de son artillerie ? Napoléon n’avait d’autres ressources que de tromper l’archidue sur le point de notre passage. Tout fut calculé dans ce but. Au lieu de passer à la hauteur de notre campement, nous dûmes passer beaucoup plus bas.