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sant mettre sur un rang, les établit à portée de fusil des 30 pièces qui nous écrasaient depuis onze heures du matin, et fit commencer le feu sur toute la ligne contre l’armée Autrichienne.

Bessières, calme, les mains derrière le dos, secouant sur ses épaules la longue queue qu’il continuait de porter malgré la mode, encourageait ses gens, par ses paroles et son exemple. Il parvint à faire taire pour un moment les canons ennemis et nous procura un peu de répit.

Il tint la plaine avec sa poignée de monde pendant plus de 4 heures. Le champ de bataille n’était ni perdu ni gagné. Nous gardions toujours la même position, et le sol, foulé par nos piétinements, était plus uni que l’aire d’une grange. Mais nous ne savions pas le désastre qui avait lieu derrière nous, la rupture du grand pont, et la crue subite du fleuve : nous eussions perdu courage.

Enfin, à 9 heures du soir, la fusillade cessa, et nous reçûmes l’ordre de l’Empereur d’allumer chacun nos feux pour tromper l’ennemi sur notre nombre.

Cette ruse était bien nécessaire. Dans les grenadiers et les chasseurs de la garde, un quart au moins était hors de combat.

L’archiduc Charles ne se doutait pas non plus de ce qui se passait, et ignorait la rupture du grand pont. Une dernière attaque de notre côté nous eût perdus à jamais. Par bonheur, il ne profita pas de l’occasion, et