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dans le fleuve. Nous n’en avons jamais reporté depuis.

Après avoir traversé la pointe de l’île, qui a à peu près une demi-lieue de largeur, nous arrivâmes au second pont placé sur le petit bras, et nous le passâmes au galop. Les chasseurs à pied passèrent les premiers et débouchant dans la plaine, firent un à gauche en colonne, au lieu d’un à droite qui leur avait été commandé : leur faute ne put être réparée. Il fallut de suite se mettre en bataille par la plus rapide manœuvre. On nous fit pivoter sur nous-mêmes et on nous déploya en bataille. Notre droite se trouvait ainsi appuyée au bras du Danube. L’empereur dirigeait en personne nos mouvements.

Un boulet vint frapper la cuisse de son cheval : nous le suppliâmes à grands cris de se retirer et de repasser le petit pont. Cédant à nos prières, il se fit établir une échelle en corde jusqu’au sommet d’un sapin, et de là il voyait toutes les manœuvres de l’ennemi et les nôtres.

Un second boulet frappa le sergent-tambour de notre compagnie. Comme je n’avais encore ni galons ni épaulettes, un de mes camarades arracha ceux du malheureux tambour-maître et me les apporta.

La bataille était aussi furieuse que la veille : les Autrichiens avaient établi en face de nous, sur la gauche du village d’Esshing, une batterie de cinquante pièces de canon qui nous écrasait de ses feux. Pour répondre à cette effroyable canonade, nous avions devant nous