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Lannes. Une force imposante avait été laissée dans la capitale pour la contenir et empêcher toute communication avec le prince Charles. De plus, quelques tentatives de passage devaient être faites en face de Vienne, pour tromper ce général et l’empêcher de surveiller les abords de l’île Lobau.

Au milieu de ces préparatifs importants, l’empereur ne perdit pas de vue les petits détails : il s’occupa dans ce moment même de faire les promotions devenues nécessaires dans la garde, et c’est ainsi que je fus nommé sergent, le 18 mai 1809, à Schœnbrünn. J’aurais peine à exprimer la joie que je ressentis de me voir sous-officier, avec rang de lieutenant dans la ligne, et le droit, en temps de paix, de porter l’épée, la canne et les bas de soie.

Le 18 mai l’opération du passage commença.

Je ne ferai pas l’histoire si connue des deux sanglantes journées qui suivirent, et qui portent le nom de bataille d’Essling ; la garde, d’ailleurs, ne prit part à la lutte que le second jour. À onze heures du matin, nous reçûmes l’ordre de passer le Danube et de mettre nos bonnets à poil. L’empereur tenait à présenter à l’ennemi ses vieux grognards dans leur plus belle tenue ; ce fut la fin de nos chapeaux à trois cornes. En effet, comme nous passions le grand pont sur trois rangs, chacun tirait à la hâte son bonnet à poil enfermé dans un étui sur le haut du sac. Comme la toilette pressait, nous lancions, pour avoir plutôt fini, nos chapeaux