paille, faites-les coucher, et faites-leur chauffer des chaudières de vin sucré.
Il fallait voir les cavaliers se multiplier sous le regard de l’empereur, qui surveillait tout et qui ne se retira que lorsque les chaudières de vin chaud furent devant nous. Mais nos camarades furent obligés de nous soulever la tête pour nous faire boire, et le lendemain matin nous ne pouvions encore marcher : nous ne retrouvâmes nos forces qu’après quelques jours de repos dans ce beau village de Schœnbrünn.
Vienne était en notre pouvoir. L’armée autrichienne avait fait sauter les ponts et avait fui de l’autre côté du Danube. L’empereur cherchait les moyens d’en finir avec elle par un coup décisif. Pour cela, il fallait aller trouver l’ennemi au fond de sa retraite et se frayer un passage sur le terrible fleuve, qui avait crû d’une manière effrayante. Il s’agissait d’établir un pont, et ce n’était pas chose facile.
Dans cette position critique, l’empereur sut mettre à profit les immenses ressources de Vienne. Il ordonna de faire descendre à trois lieues au dessous de cette ville tous les grands bateaux qui s’y trouvaient, et de rassembler un immense matériel à la hauteur de l’île Lobau. Au lieu d’un pont, ce point nécessitait l’établissement de deux : l’un, de la rive droite à l’île, et l’autre, de l’île à la plaine d’Essling. Lorsqu’après des difficultés inouïes ces deux ponts furent établis, l’empereur fit descendre de Vienne le corps du maréchal