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faire faire la grimace. De là, il dirigea la garde sur Valladolid. Les moines avaient pris les armes et tenaient la campagne : nous nous logeâmes dans leurs couvents. Nous remarquions que chaque couvent d’hommes avait pour voisin un couvent de femmes. Nous nous mîmes en quête de leurs cachettes, et nous sondions leurs jardins avec nos baguettes de fusil, Quelle ne fut pas notre surprise de rencontrer à chaque pas des cadavres d’enfants nouveau-nés enterrés à deux ou trois pieds de profondeur. C’est un aperçu des horreurs qui se commettaient dans ce pays.

Cependant les événements se pressaient en Allemagne. L’Autriche faisait de grands préparatifs de guerre ; Napoléon, de son côté, rassemblait des forces. Notre rôle était fini en Espagne ; nous étions nécessaires ailleurs. À peine étions-nous installés à Valladolid, que nous reçûmes l’ordre de rentrer en France à marches forcées. À Limoges, nous trouvâmes la poste prête à nous transporter à Paris. Des charrettes bien attelées et remplies de paille étaient disposées hors la ville. Elles pouvaient contenir chacune douze hommes, et une fois toute la garde embarquée, l’immense convoi partit au grand trot. Les dispositions les plus habiles avaient été prises pour que tout se passât dans le plus grand ordre, Arrivés au lieu de nos étapes, nous trouvions le couvert mis. On déjeûnait, on dînait à la hâte, et on repartait dans d’autres charrettes préparées de la même manière. Tous les jours nous laissions nos vingt-cinq lieues der-