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vâmes à Vittoria et de là à Burgos, où nous séjournâmes. Il nous arriva dans cette ville une assez tragique aventure.

Burgos possède une magnifique cathédrale. Pour le moment, des galeries attenant à l’église servaient d’écuries à nos grenadiers à cheval et de magasins aux Espagnols qui les avaient encombrées de balles de coton. Comme nos grenadiers se disposaient à aller au fourrage, un petit garçon de onze à douze ans montre sa tête à l’entrée d’un escalier. Se voyant découvert par un grenadier, l’enfant remonte les marches ; le grenadier court après lui. Ils arrivent ainsi, toujours montant, jusqu’au haut de l’édifice. Là se trouvaient un palier et une porte. L’enfant ouvre la porte, le grenadier pénètre avec lui dans un réduit, puis le petit garçon disparaît, redescend et recommence le même manège avec un autre grenadier. Cependant un de nos camarades avait remarqué cette scène et nous fit observer qu’il était assez étrange que les deux grenadiers ne redescendissent pas et qu’il serait bon d’aller aux informations. Aussitôt, quelques-uns d’entre nous, armés jusqu’aux dents, se mettent à la poursuite de l’enfant, gravissent l’escalier étroit, arrivent au palier, enfoncent la porte et se trouvent en face de leurs deux camarades, décapités et baignés dans leur sang. Ivres de fureur, ils se précipitent sur les brigands qui avaient commis cette atrocité, et qui n’étaient autres que des capucins, au nombre de huit, entourés d’armes, de vi-