l’inspection par compagnie, et de nous réunir sur la grande place au jour et à l’heure indiqués.
À cette occasion, le capitaine Renard alla trouver l’adjudant-major, M. Belcourt, et s’entendre avec lui à mon sujet. Ils me firent venir et m’annoncèrent que j’allais passer caporal dans la même compagnie, en récompense de mes services.
— Mais, leur dis-je, je ne sais ni lire, ni écrire !
— Vous apprendrez !
— Ce n’est pas possible ! je vous remercie.
— Vous serez caporal aujourd’hui, et dans le cas où le général vous demanderait si vous savez lire et écrire, répondez hardiment que oui ; les vélites se chargeront de vous instruire.
Quand vint l’heure de la revue, M. Belcourt et mon capitaine allèrent au-devant du général et lui parlèrent de moi. Faites-le sortir des rangs, dit-il.
Il me toisa des pieds à la tête, et, voyant ma croix, il me demanda depuis combien j’étais décoré.
— Je l’ai été aux Invalides, général, et le premier des légionnaires !
— Le premier !
— Oui, général !
— Faites-le reconnaître caporal, de suite.
l était temps. Je tremblais devant cet homme si dur et si juste. Tous mes camarades furent surpris de me voir passer caporal dans la même compagnie ; personne ne s’en doutait. Les anciens caporaux m’entourèrent et