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sement. Les compliments nous pleuvaient de toutes parts.

Je vis, à cette occasion, les quatre plus beaux hommes que j’aie rencontrés dans ma vie : l’empereur Alexandre, le prince Murat, Poniatowski, et M. Belcourt, capitaine adjudant-major du premier régiment de grenadiers de la garde.

Un jour, Napoléon nous donna l’ordre de faire tous les préparatifs nécessaires pour offrir un repas à la garde impériale russe. Nous construisîmes de vastes tentes, toutes sur la même ligne, avec les ouvertures tournées du même côté. On nous accorda huit jours de maraude, et huit lieues de pays en arrière pour nous procurer des vivres.

Nous partîmes en bon ordre, et, dès le lendemain, on vit arriver au camp plus de cinquante voitures chargées de provisions considérables en viande, farine et eau-de-vie, conduites par des paysans qui se prêtèrent de bonne grâce à cette réquisition, et qui furent renvoyés tous contents. On les indemnisa de leurs pertes et de leurs peines.

Le 30 juin, à midi, le repas était sur la table. Le service était on ne peut plus brillant, Nous avions confectionné des surtouts en gazon, garnis de fleurs, avec le nom des deux empereurs tressé en guirlandes. Au front de chaque tente brillaient deux étoiles, avec les noms des deux grands hommes, et, à chaque porte, le drapeau russe et le drapeau français.