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Tilsitt, en face des Russes, dont elle n’était séparée que par le Niémen.

Tilsitt est une belle ville, avec des rues larges, droites, bien bâties, et des environs fertiles. Elle se trouve entre un lac à droite et le Niémen à gauche. On nous fit camper au bout du lac.

Le 19, un envoyé de l’Empereur de Russie passa le fleuve pour parlementer. Il fut présenté au prince Murat d’abord, et ensuite à Napoléon qui était installé dans la ville. L’Empereur répondit sur le champ aux propositions qui lui étaient faites et nous donna l’ordre de nous tenir prêts pour le lendemain, en grande tenue.

Nos officiers nous annoncent qu’il s’agissait de recevoir l’empereur Alexandre, qu’on préparait un radeau sur le fleuve, que les deux souverains allaient se voir et s’entendre pour la conclusion de la paix. Quelle joie dans nos cœurs ! c’était donc fini !

Les chefs vinrent parmi nous veiller à ce que rien ne manquât à notre tenue, que les queues fussent bien faites et les buffleteries bien blanches.

Quand tout fut prêt, vers les onze heures du matin, nous nous portâmes sur les bords du fleuve. Là, nous attendait le plus beau spectacle que jamais homme ne verra.

Au milieu du Niémen se trouvait un grand radeau, garni de larges et magnifiques tentures, et, sur le côté gauche, un pavillon. Aux deux rives était amarrée une barque richement décorée.