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nous, changea de cheval et donna le signal d’une charge à outrance sur l’armée russe.

Il s’agissait encore de lui faire prendre un bain, non pas à la glace, comme à Austerlitz, mais dans les flots de l’Alle.

Ney fut le héros de la journée ; c’est lui qui se chargea de couper les ponts de Friedland, et d’enlever aux ennemis toute retraite facile.

Quant à notre bataillon, il n’eut qu’à marcher de çà, de là, sur le champ de bataille, tantôt pour appuyer l’un, tantôt pour appuyer l’autre, sans tirer un seul coup de fusil.

Cette mémorable bataille ne finit que fort tard à la lueur de l’incendie de Friedland. Les Russes profitèrent de la nuit pour décamper au plus vite. Notre empereur, selon son habitude, coucha sur le champ de bataille, et s’occupa de faire soigner les blessés.

Le lendemain, il lança quelques escadrons à la poursuite des ennemis ; nos vaillants cavaliers ne purent atteindre que l’arrière-garde et les traînards ; ils y rencontrèrent des Kalmucks, espèce de sauvages à figure plate, nez épaté, oreilles pendantes, armés de carquois et de flèches. Les gilets de fer tombèrent sur eux comme la foudre et les firent prisonniers ; nous les vîmes ramener de l’autre côté du fleuve, et nous obtînmes la permission de les visiter. C’était un véritable objet de curiosité pour nous.

Le 18 juin, toute notre armée se trouva près de