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Néanmoins elles ne suffisaient pas à satisfaire tous nos besoins. La famine reparaissait à de fréquents intervalles. Depuis quatre mois nous ne pouvions pas changer de linge. La vermine commençait à paraître.

Il fallait la présence de l’empereur, au milieu de nous, pour soutenir nos forces et chasser le découragement.

Quand le printemps arriva, nous le saluâmes avec des transports de joie. Les vivres commencèrent à paraître. Tous les matins la breloque se faisait entendre, et c’est un signal qui ne trouve jamais le soldat paresseux ou maussade.

Dès que les neiges furent complètement fondues, l’empereur fit venir des ingénieurs et dresser un camp magnifique dans une belle position, en avant de Finkenstein. On traça de grandes lignes le long desquelles nous devions établir nos baraques, et, tout au milieu, l’on réserva une place pour faire un palais à l’empereur. Jamais on n’aura l’exemple d’une activité semblable à celle que nous déployâmes.

La résidence impériale, toute construite en briques, s’éleva comme par magie. En quinze jours nos baraques furent montées : grâce aux planches de sapin que nous avions recueillies dans les environs. Il est vrai qu’elles abondent dans ce pays ; on les emploie à faire des enclos que nous eûmes seulement la peine de démolir.

Nous construisîmes, pour les officiers supérieurs, des logements très-confortables. Les rues étaient, on peut le dire, tirées au cordeau. Chacune portait le nom de