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commencer ! On conçoit qu’à pareil prix les juifs firent fortune et en même temps ils sauvèrent l’armée.

Une trève fut convenue avec les Russes. Il n’était pas possible de continuer la guerre, les armées avaient trop souffert.

Avant de quitter le champ de bataille, Napoléon fit partir en traîneau les blessés, les malades et les pièces de canons prises à l’ennemi.

Ce fut le 17 février seulement que nous nous mîmes en marche vers Thorn et Mariembourg, où nous devions être provisoirement cantonnés.

Nous séjournâmes ensuite à Osterode et enfin à Finkenstein. L’empereur s’y établit au milieu de nous, partageant nos privations et vivant parfois de l’aumône de ses soldats. Là, comme partout, les paysans polonais avaient caché leurs provisions, enfoui des vivres de toute espèce. Nous étions réduits à sonder la terre avec nos baguettes de fusil et à faire de perpétuelles recherches. Dès qu’une cachette était découverte, on en donnait avis aux chefs ; ils présidaient à l’enlèvement des objets et à leur transport dans les magasins.

L’empereur avait beau faire tous ses efforts pour nous procurer des subsistances. Elles n’arrivaient qu’à grande peine dans ce pays lointain et ravagé par la guerre. Souvent les rations manquaient.

Un jour, je convins, avec une vingtaine de camarades, d’aller à la chasse dans la forêt voisine ; la neige couvrait la terre, je comptais sur cette circonstance