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la percer une seconde fois et revenir à nous. Ils perdirent quelques hommes qui furent démontés, faits prisonniers et conduits à Kœnigsberg ; mais le gros des escadrons arriva près de nous, en bon ordre, couvert de sang et de gloire.

Ces efforts prodigieux arrêtèrent les progrès des Russes et calmèrent leur fureur. Il était temps. Le courage de nos troupes était à bout. Sans la garde, elles eussent peut-être succombé ; nos rangs à nous-mêmes se dégarnissaient à vue d’œil.

Nous ne perdîmes pas le champ de bataille, mais nous ne le gagnâmes pas, et le soir l’empereur nous ramena à la même position que nous occupions la veille, sur notre montagne en pain de sucre. — Tu n’as pas plaisanté avec mes vieux soldats, dit-il à Dorsenne, je suis content de toi. Les Russes sont battus ; malheureusement nous avons trop souffert !

Vers la nuit, il nous vint un corps de troupes fraîches. Le maréchal qui le commandait (je ne sais plus lequel) accourut à l’empereur, et lui demanda où il devait se placer. — Si tu veux de la place, répondit l’empereur, il faut t’en faire. Va sur le champ de bataille. Mets-toi en première ligne, et, dès que tu seras en bataille, fais feu de tous tes bataillons et de toute ton artillerie ; je vais t’envoyer mes chasseurs à cheval pour te soutenir.

Le maréchal exécuta ponctuellement les ordres de l’empereur. Un feu épouvantable éclata tout-à-coup dans l’obscurité. Les Russes, épouvantés de cet inci-