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Mais tout cela n’était rien au prix des désastres que l’armée éprouvait sur d’autres points. À la droite, presque en face de nous, le 14e de ligne fut taillé en pièces. Les Russes pénétrèrent dans le carré formé par ce régiment, et ne firent pas un prisonnier ; ils sabrèrent jusqu’au dernier homme. Le 43e perdit aussi la moitié de son monde.

On conçoit quel déficit ces pertes affreuses laissèrent dans notre ligne. Les Russes s’avancèrent jusque vers nous : l’empereur lui-même était en péril. Nous poussâmes des cris frénétiques : en avant ! vive l’empereur ! en avant ! en avant !

Napoléon se décida à engager le deuxième régiment[1] des grenadiers à pied et un régiment de chasseurs de sa garde, sous la conduite du général Dorsenne. Ils se précipitèrent sur la garde impériale russe, à la baïonnette, sans tirer un seul coup de fusil, et ils en firent une horrible litière.

En même temps, l’empereur lança deux escadrons de grenadiers et deux escadrons de chasseurs à cheval (de la garde). La charge fut tellement impétueuse que les grenadiers traversèrent complètement les lignes de l’armée russe, et allèrent se reformer derrière elle pour

  1. M. Thiers raconte que cette charge fut exécutée par le premier régiment. C’est là une erreur. Je faisais partie de ce premier régiment, et je suis sûr de n’avoir pas tiré un coup de fusil, ni donné un coup de baïonnette de la journée.