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éclats. J’en rasai, dans ma nuit, au moins une vingtaine.

Le 8 février, les Russes nous souhaitèrent le bonjour de grand matin, et nous saluèrent d’une affreuse canonnade. En un instant, tout le monde fut sur pied ; l’empereur monta à cheval et nous porta en avant sur un lac gelé, à un quart de lieue environ de la montagne où nous avions bivouaqué ; il réunit là toute sa garde : infanterie, artillerie et cavalerie.

Ce lac se trouvait à droite d’Eylau (par rapport à nous et au mouvement que nous venions de faire) ; il n’en est séparé que par une chaussée ; mais le village s’étend plus loin que le lac. Le terrain monte, et les maisons, suivant la pente du terrain, s’élèvent peu à peu jusqu’à l’église, qui se trouve à l’extrémité et comme isolée sur la hauteur.

De l’autre côté du lac et d’Eylau apparaissent de petits monticules, et, au-dessus, un immense plateau sur lequel se livrait la grande bataille. Nous étions à la droite de l’armée française, et l’engagement le plus sérieux avait lieu sur notre gauche. De même, l’artillerie russe n’était pas en face de nous ; elle était placée sur je ne sais quel point du plateau beaucoup plus à gauche que l’église. — Nous ne profitions guère de cette disposition, car les Russes avaient une formidable artillerie ; on disait même qu’ils avaient amené de Kœnigsberg vingt-deux pièces de siège. Quoiqu’il en soit, leurs batteries faisant feu de notre côté, les obus incendiaient