Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée
152

grandes précautions, et elle nous conduisit à un camp de paysans polonais établi sur le revers d’une petite montagne. Ils ne nous attendaient guère : leurs marmites étaient sur le feu. Saisis d’étonnement et d’effrot, ils n’osèrent se défendre. Nous enlevâmes leurs chevaux, leurs vaches, leurs moutons, leur farine, et nous les forçâmes d’amener tout cela au village ; nous y arrivâmes avec deux cents bêtes au moins ; c’était une superbe capture.

Nos officiers décidèrent que nous partagerions avec les paysans. On ne prit que la moitié de leur farine, de leurs bœufs et de leurs moutons, on leur laissa même tous leurs chevaux, sauf quatre qui nous servirent pour la correspondance ; mais on exigea que quatre des habitants restassent près de nous pour nous guider au besoin.

Avec la farine capturée nous fîmes immédiatement du pain. Il y avait si longtemps que nous n’en avions mangé, que la plupart le dévorèrent au sortir du four. Cette imprudence coûta la vie à deux de nos camarades qui furent littéralement étouffés, et que les soins les plus empressés ne purent arracher à la mort.

Nous trouvâmes dans la maison que nous habitions des pommes de terre enfoncées sous le carrelage d’une chambre.

Les paysans polonais avaient caché tout ce qu’ils avaient pu avant de déserter leur village ; nous n’avons pas eu à nous, louer d’eux ; ils nous auraient laissé