Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée
146

Le colonel Frédéric, voyant briller mon feu entre tous, s’approcha de ma baraque. Il aperçut mon petit pot et mes deux œufs. Puis-je compter sur un, s’écria-t-il ? — Oui, répondis-je. Et je partageai ma trouvaille avec ce brave officier ; il me donna en échange un napoléon et me contraignit de l’accepter. Bien d’autres auraient été trop heureux de s’en procurer à pareil prix !

À peine finissions-nous notre mince repas que nous voyons arriver un énorme cochon. Il était poursuivi par les grenadiers à cheval, établis dans le village même de Pultusk. L’animal effrayé venait droit à notre bivouac. Je m’élance à sa rencontre. Le colonel Frédéric, qui parlait gras, me criait d’une façon comique : Coupez-lui le jarret ! coupez-lui le jarret ! Et moi, suivant son conseil, j’abattis le cochon et lui passai mon sabre dans le corps. Les grenadiers survinrent. Le colonel s’approcha. Il fut décidé que, pour ma peine, j’aurais un quartier de la victime et les deux rognons. On procéda immédiatement au partage.

Mais comment faire cuire ma portion ? Il me fallait un grand pot et du sel. Jvallai au quartier de l’empereur, où précisément mon lieutenant se trouvait de service, et je lui demandai ce dont j’avais besoin de la part du colonel Frédéric. Il voulut savoir pourquoi j’avais besoin de ces objets. Je lui racontai l’histoire. Malheureux, s’écria-t-il, c’est le cochon de la maison que vous avez tué ! L’empereur va être furieux, on lui