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munition russes qu’on appelait des briques, à cause de leur forme plate et carrée. — Je me mets à genoux sans rien dire, j’ouvre mon sac et j’y fourre un des pains. — Je coupe l’autre en morceaux et je me prépare à en dévorer une bonne portion. — La nuit était telle que personne ne me voyait, — Cependant mon capitaine Renard vint à s’approcher, et m’apercevant dans la posture singulière où je m’étais mis, il me demanda ce que je faisais. Je lui glissai un morceau de pain dans la main, et lui recommandant le silence, je le suppliai de veiller sur mon sac, pendant que j’irais à la maraude.

Je partis avec quatre hommes de mon ordinaire. À peine avions-nous fait quelques pas que nous découvrîmes un château, dont personne ne soupçonnait la proximité. Il ne renfermait, bien entendu, pas de vivres, mais les dépendances étaient garnies de bois sec, et sur une espèce d’esplanade qui se trouvait au devant, il y avait un canon braqué. Nous avertîmes bientôt nos camarades, chacun se chargea de bûches, et, comme si elles ne suffisaient pas pour nous chauffer, nous démontâmes la pièce de canon. Les morceaux de l’affût brisé et les roues tout entières furent jetés dans notre feu. Je vois encore les flammes s’emparant d’abord des moyeux qui étaient pleins de graisse et enveloppant peu à peu cette énorme masse de bois. Toute la nuit nous eûmes un feu d’empereur.

Le lendemain, on tenta de gagner quelque route conduisant à Pultusk. Mais voilà que la neige et la