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il avait 117 ans. L’Empereur voulut lui offrir l’appui de son bras.

— Sire, répondit-il, je vous remercie.

Il marchait comme un homme de 60 ans à peine.

Cependant l’hiver commençait à sévir. La Vistule était complètement gelée. Quand l’empereur vit les choses au point où il les désirait, il nous fit faire une distribution de biscuit pour 14 jours, et l’ordre du départ fut donné. Je n’eus que le temps de m’acheter une livre de jambon, comme ressource pour l’avenir ; encore me coûta-t-elle 20 francs. — On peut juger par là de la cherté des vivres.

Nous partîmes dans la direction de Pultusk, ne prévoyant pas encore toutes les douleurs qui nous attendaient.

Pendant deux jours, la gelée continuant nous rendit la marche facile. Nous traversions des pays déserts, sablonneux et couverts de bois. Personne dans les villages : tous les habitants s’étaient enfuis. Les Russes eux-mêmes se reliraient devant nous ; çà et là, nous trouvions les restes des bivouacs qu’ils avaient abandonnés.

Au bout de deux jours, le froid diminua, il y eut un commencement de dégel, et ce changement de température devint aussitôt la cause de nombreux embarras. Nous n’avions pas de route devant nous. C’était à travers monts et vallées que nous nous dirigions. Nous fûmes obligés de traverser un énorme marais dont les eaux