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les vivres et ils avaient ravagé tout le pays, ne laissant que ce qu’ils ne pouvaient pas emporter.

Je ne sais pourquoi l’empereur n’était pas content. À Posen, je le vis tellement préoccupé et tellement en colère, que, voulant monter à cheval, il s’élança trop fort et, passant par-dessus, tomba de l’autre côté. Il donna un coup de cravache à son écuyer, qui pourtant n’était pas responsable de cet accident, se remit en selle et partit au galop.

Nous entrâmes dans Varsovie en compagnie des grenadiers Oudinot. Les habitants nous reçurent le mieux qu’il leur fut possible, eu égard aux pillages et aux dévastations que l’armée russe avait fait subir au pays. Il fallut que l’empereur achetât bien loin des bœufs et des grains pour nourrir son armée. On accumula aussi des quantités considérables de biscuit. Ce furent les juifs qui furent chargés de cet approvisionnement. Ils gagnèrent des sommes considérables, mais en même temps ils sauvèrent l’armée.

Déjà le maréchal Davoust et le maréchal Ney avaient pris position au-delà de la Vistule. Ce dernier faisait des prodiges de valeur du côté de Thorn, et, s’étant emparé de nombreuses barques, il nous les envoya pour construire des ponts. De là, grande joie de l’empereur.

Nous passions de fréquentes revues. À celle qui précéda notre départ, nous vîmes arriver devant nous un brillant équipage. Un petit homme en descendit pour se présenter à Napoléon : c’était le doyen de la Pologne ;