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une terrible chose, car le vin, dans ce pays, coûtait alors trois francs la bouteille. Ne pouvant s’en procurer, ils nous donnèrent de la bière en cruchon. Nous n’étions pas très-satisfaits du changement, mais nos officiers nous prièrent de ne pas réclamer et de ne pas contrarier nos hôtes, d’autant que la bière était excellente et que le vin eût été très-mauvais.

La paix et la bonne harmonie régnaient partout. On s’était arrangé pour gêner le moins possible les habitants. La discipline était aussi très-sévère ; c’était le comte Hulin qui était gouverneur de la ville.

Un jour l’empereur nous passa en revue sur la grande place qui est au-devant du palais royal. Un autre, nous apprîmes que Magdebourg s’était rendu et qu’on en rapportait cinquante drapeaux pris à l’ennemi. — Quelle joie pour des affamés de gloire ! Les puissances ennemies ne faisaient plus de fanfaronnades, elles ne parlaient plus de venir nous battre dans les plaines de la Champagne.

Après avoir réglé ses comptes avec les autorités de Berlin, l’empereur nous donna ordre de quitter la ville et d’aller rejoindre la grande armée qui se portait vers la Pologne. Jamais nos jours de repos ne durèrent bien longtemps.

Nous arrivâmes à Posen pendant que les autres corps marchaient sur Varsovie. Les Russes, à qui nous avions maintenant à faire, nous avaient abandonné ces deux villes. Mais ils s’étaient montrés peu généreux pour