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Sqxons. C’était pitié de les voir. La moitié de ces malheureux étaient couverts de sang, qui ruisselait sur leurs habits. L’empereur les passa en revue, et leur donna le choix de servir avec nous comme alliés ou de rester nos prisonniers ; je ne fais pas la guerre à votre roi, leur dit-il, — Nous les traitâmes en amis. Leurs blessures furent bien soignées, et ils burent tout le reste de notre vin cacheté.

La victoire était depuis longtemps décidée ; sûr de ce côté, l’empereur partit pour s’assurer de ce qui s’était passé sur notre droite. On avait entendu le canon retentir dans le lointain : c’était une seconde victoire gagnée par Davoust à Auerstaedt.

Nous passâmes la nuit dans Iéna, et dès le lendemain nous commençâmes une série de marches, qui ne s’arrêta qu’aux portes de Berlin. Nous fîmes notre entrée dans cette ville par la porte de Brandebourg et la magnifique rue Sous les Tilleuls. L’empereur s’y présenta à la tête de 20,000 grenadiers. L’armée était en grande tenue, aussi brillante qu’aux Tuileries, et lui dans son modeste costume, avec son petit chapeau et sa cocarde d’un sol ! Quel spectacle pour ceux qui purent y assister ! La population de Berlin était toute aux croisées, et son admiration ne saurait se comparer qu’à celle des Parisiens, lors de notre retour d’Austerlitz.

Nous fûmes logés chez les habitants et nourris à leurs frais. On leur avait imposé l’obligation de nous donner à chacun une bouteille de vin par jour. C’était