Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée
134

cie, et aux pelles ou pioches des soldats du génie. Les chefs tremblaient à le voir, car il les menait durement, s’il trouvait quelque négligence. C’était l’homme le plus rigoureux, mais à la fois le meilleur et le plus chéri de tous.

On nous avait dit d’abord que nous partions pour assister à un Congrès où devaient se trouver le roi de Prusse et l’empereur de Russie. Puis, arrivés sur la frontière, on nous lut à l’ordre du jour que la guerre était déclarée à la Prusse et à la Russie. Les Russes voulaient donc prendre un second bain à la glace ! et les Prussiens nous montrer leur belle capitale de Berlin !

Nous partîmes dans les premiers jours de septembre 1806, pour aller à Wurtzbourg, où l’empereur nous attendait. C’est de là que les divers corps d’armée furent dirigés sur Iéna. Nous y arrivâmes le 13 octobre, à 10 heures du soir, après une marche forcée. Nous traversâmes la ville au milieu du silence et de l’obscurité la plus profonde ; pas une lumière ne nous éclarait, tous les habitants avaient déguerpi.

Au-delà d’Iéna s’élève une montagne aussi abrupte que le toit d’une maison. Il fallut la grimper, et une fois arrivés sur le plateau, nous mettre aussitôt en bataille. Personne ne se voyait dans les ténèbres ; nous étions obligés de nous placer à tâtons, et nous gardions le silence le plus absolu. L’ennemi était près de nous.

Quelques instants après, l’empereur nous fit former en carré et vint s’installer au milieu de sa garde. Notre