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Vers ce temps, les petits princes nos alliés venaient faire leur cour à Napoléon. Il les régalait de belles revues, et nous étions obligés de monter la garde chez eux, ainsi que chez les grands dignitaires français. Ordinairement ils nous donnaient trois francs par garde ; quelques-uns étaient moins généreux. Cambacérès, entre autres, ne donnait qu’une demi-bouteille de vin au factionnaire placé à l’entrée de ses appartements, et pas autre chose ; aussi nous faisions la grimace quand notre tour venait d’aller chez lui, et nous nous vengions en nous racontant les histoires scandaleuses qui circulaient alors à son propos. On prétendait qu’après Austerlitz, l’empereur lui avait écrit : Mon cousin, nous avons vaincu, et qu’il avait répondu à l’empereur : Tant mieux, nous aurons de quoi choisir ! C’était là un dit-on de l’époque, dont je ne garantis nullement la vérité.

Nous étions surchargés de service, dix heures par jour ! et une nuit sur trois ! quelquefois vingt-quatre heures de planton sans se déshabiller, et de grandes revues dans la plaine des Sablons ou aux Tuileries. On voit que, pour nous, les fatigues de la guerre ne cessaient pas complètement pendant la paix.

D’ailleurs la paix ne devait pas durer longtemps : l’empereur rassemblait de tous côtés de l’artillerie et du matériel. Aux revues, il se faisait ouvrir les caissons et les fourgons, montant sur les roues pour s’assurer que rien n’y manquait. Il inspectait jusqu’à la pharma-