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çons et quatre filles, ci : trente-deux enfants. Je crois que c’est bien suffisant.

Mon père s’est marié trois fois. — Sa première femme lui a laissé deux filles. — De la seconde, il lui est resté quatre enfants, une fille et trois garcons, parmi lesquels j’étais. — Le plus jeune avait six ans, ma sœur sept, moi, le cadet, huit, mon frère l’ainé neuf ans, quand nous eûmes le malheur de perdre notre mère chérie.

La troisième femme qu’eut mon père commença par être notre servante. Elle avait dix-huit ans quand elle vint chez nous. — On l’appelait la belle. — Aussi, quinze jours après son arrivée, elle se trouvait enceinte ; vous pensez qu’elle prit toute l’autorité dans la maison.

Elle nous battait nuit et jour ! une fois, entr’autres, nous découvrîmes des pois ronds dans un sac : tout fut mis au pillage ; mais les coups de bâton ne se firent pas attendre. — Elle nous tordait le cou pour nous donner de la mine.

Cette vie durait déjà depuis deux mois lorsque mon père l’épousa. Alors, ce fut bien pis. — Le soir, mon père revenait de la chasse ; ma mie, disait-il, où sont les enfants ? — Ils sont couchés, répondait la marâtre ; et tous les jours même chose. — Jamais nous ne voyions notre père. Elle prenait toutes ses mesures pour éviter que nous pussions nous plaindre à lui.

Cependant, sa vigilance fut bien déçue, lorsqu’un