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nos fatigues, jusqu’au jour où l’ordre vint de regagner la France. L’armée restait dans le pays conquis, mais la garde était plus heureuse. Elle rentrait dans ses foyers. Quelle joie pour nous ! Les étapes ne ressemblaient guère à celles que l’on nous avait imposées quelques mois auparavant ; nous marchions à petite journée. Nous trouvions partout notre nourriture prête, bon gîte et bonne table. En Bavière, nous fûmes cordialement accueillis, et bientôt, traversant le Rhin, nous arrivâmes à Strasbourg, nous revîmes notre patrie !

En passant dans cette ville, à ouverture de la campagne, j’avais laissé mes effets chez l’habitant qui m’avait logé ; j’allai droit chez lui, je trouvai tout dans un état parfait. Mes hôtes me tâtaient avec curiosité en me demandant si je n’étais pas blessé. Ces braves gens m’accablaient de caresses. — Nous avions bien peur de vous, disait la demoiselle de la maison. Tout votre linge est bien blanc et vos boucles d’argent sont brillantes ; je les ai fait nettoyer par un orfèvre.

— Merci, répondis-je, merci, mademoiselle, j’ai voulu m’acquitter envers vous. Je vous rapporte de Vienne un beau châle que je vous prie d’accepter.

Le beau châle me venait du château impérial de Schœnbrunn. J’y avais passé quelque temps en sauvegarde et j’avais servi de protecteur à une famille d’intendant qui habitait le château. La dame me demanda si j’étais marié ; à toute occurence, je répondis que oui,