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me séparaient de notre bivouac, et le sentier tortueux qui y conduisait, j’eus des peines énormes ; mon tonneau vacillait et roulait sur mon dos, menaçant de m’entraîner avec lui, je craignais à chaque instant de ne pas atteindre le but ; heureusement mon courage surmonta les diflicultés.

Je redescendis ensuite chercher de la paille. M’en étant procuré, je la plaçai dans la partie concave et inférieure de mon tonneau et le lit de plume par-dessus. Mon capitaine Renard, qui avait deviné mon intention, m’avait demandé une place dans ma cabane improvisée. Nous nous glissâmes tous les deux sur le lit de plume, la tête la première et les pieds en dehors, exposés au feu du bivouac. Nous passâmes une nuit délicieuse. Jamais je n’oublierai, disait mon capitaine, que je vous dois ce bonheur. Et, en effet, il me prouva souvent qu’il n’était pas ingrat.

Le lendemain, nous partîmes pour Austerlitz. C’était un pauvre village, dont les maisons étaient toutes couvertes de chaume, avec un antique château dans lequel l’empereur s’était installé. Nous trouvâmes six cents moutons dans les écuries de ce vieux manoir. La distribution en fut faite à la garde. Les vivres commencèrent à nous arriver.

La paix ne tarda pas non plus, et dès que Napoléon se fut entendu avec l’empereur d’Autriche, nous revînmes à Vienne, puis à Schœnbrunn. C’est là, dans ce beau palais impérial, que nous devions nous reposer de