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demment. Nous, qui assistions à cette chasse, nous criions tous à qui mieux mieux : « Le renard n’attrapera pas le lièvre ! le renard n’attrapera pas le lièvre ! » Et, en effet, il ne put l’attraper ; aussi on se moqua de lui, et l’on rit d’autant plus que le capitaine était le plus excellent homme, estimé et chéri de tous ses soldats.

Cependant la bataille était finie ; il était à peine deux heures. La soirée se passa à poursuivre les fuyards, à prendre les canons, les équipages et à ramener des prisonniers. Il fallut aussi recueillir les blessés. Chaque corps fournit des hommes pour cette pénible corvée.

Vers la nuit, l’empereur fut conduit en triomphe à son quartier-général.

Nous allâmes chercher, dans les villages voisins du champ de bataille, du bois, de la paille et tout ce qui était nécessaire pour bivouaquer. Je descendis le revers de la montagne qui fait face aux étangs. Nos maraudeurs avaient découvert là de nombreuses ruches, et, pour voir clair à s’emparer du miel, ils avaient mis le feu à un immense hangar ; cet incendie facilita notre besogne à tous.

Ne trouvant pas de vivres et ne voulant pas m’en aller les mains vides, j’avisai un grand tonneau en bois de sapin. J’entrai dans une maison, je pris un lit de plume et le fourrai dans mon tonneau. Mes camarades me chargèrent sur les épaules cette étrange capture.

Quand il fallut remonter les pentes abruptes qui