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étangs. De là, nous aperçûmes notre aile droite qui se battait depuis le matin dans les bas-fonds, et en face d’elle toute l’aile gauche de l’armée russe.

L’empereur descendit de ce côté avec les grenadiers Oudinot et presque toute sa garde, notamment l’artillerie. Alors les Russes se trouvèrent acculés à des montagnes inaccessibles, formant une espèce de rond-point, et dominées par un clocher que nous apercevions dans le lointain. Ils n’avaient pour s’échapper que les étangs et la chaussée qui les sépare. Or, cette chaussée était encombrée de chariots et de caissons. Il furent obligés de se précipiter sur la glace des étangs. Malheureusement pour eux, les boulets et les obus brisèrent bientôt cette glace et ils prirent un horrible bain.

Notre premier régiment de grenadiers à pied était resté sur les hauteurs de Pratzen, rangé derrière des muriers de pierres qui se prolongent sur presque toute la crête. Nous étions là aux premières loges regardant, à nos pieds, la défaite de l’armée russe et battant des mains de toutes nos forces.

Au milieu de ces circonstances solennelles, nous trouvâmes moyen de rire comme des enfants. Un lièvre, qui se sauvait tout affolé de peur, arriva droit à nous. Mon capitaine Renard l’apercevant s’élance pour le sabrer au passage, mais le lièvre fait un crochet. Mon capitaine persiste à le poursuivre, et le pauvre animal n’a que le temps de se réfugier, comme un lapin, dans un trou au milieu des muriers dont je parlais précé-