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Contrairement à l’habitude, il avait ordonné que les musiciens restassent à leur poste au centre de chaque bataillon. Les nôtres étaient au grand complet avec leur chef en tête, un vieux troupier d’au moins 60 ans. Ils jouaient une chanson bien connue de nous :


On va leur percer le flanc,
Ran, ran, ran, ran tan plan tire lire.
On va leur percer le flanc,
Que nous allons rire.
Ran tan plan tire lire,
Que nous allons rire[1].

Pendant cet air, en guise d’accompagnement, les tambours, dirigés par M. Senot, leur major, un homme accompli, battaient la charge à rompre les caisses ; et les tambours et la musique se mêlaient. C’était à entraîner un paralytique !

Arrivés sur le sommet du plateau, nous n’étions plus séparés des ennemis que par les débris des corps qui se battaient devant nous depuis le matin. Précisément nous avions en face la garde impériale russe.

L’empereur nous fit arrêter, et lança d’abord les mamelucks et les chasseurs à cheval. Ces mamelucks étaient de merveilleux cavaliers ; ils faisaient de leur cheval ce qu’ils voulaient. Avec leur sabre recourbé ils enlevaient une tête d’un seul coup, et avec leurs étriers tranchants ils coupaient les reins d’un soldat. L’un

  1. Voir, à la fin du volume, la musique de cette chanson.