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son état-major, donna ses ordres à tous ses maréchaux, les envoya chacun à son poste et commanda d’engager l’action.

Nous attendîmes assez longtemps dans une immobilité complète. D’abord le brouillard nous empéchait de distinguer ce qui se passait. Mais bientôt un soleil radieux éclaira toute la campagne. Jamais peut-être, à pareille époque de l’année, il ne brilla d’un éclat aussi vif.

Nous vîmes que les pentes du plateau de Pratzen avaient déjà été enlevées par les troupes de ligne. L’empereur nous fit avancer pour appuyer ce mouvement. Nous étions là vingt-cinq mille bonnets à poil, — la garde et les grenadiers Oudinot, — et des gaillards qui avaient soif de gloire autant que leur grand capitaine. Qu’on se figure l’aspect d’une pareille colonne, s’ébranlant tout-à-coup, et l’empereur au milieu !

Après avoir traversé les bas-fonds et les ruisseaux qui occupaient le fond de la vallée, nous nous élançâmes sur le revers opposé, marchant en zig-zag et appuyant tantôt à droite tantôt à gauche. La ligne, voyant derrière elle cette réserve formidable, se battait avec la plus grande confiance, et aussi nous n’eûmes pas besoin de tirer un seul coup de fusil pour la soutenir.

Nous montions tranquillement, au son des tambours et de la musique. Napoléon avait voulu faire honneur aux empereurs qui commandaient l’armée ennemie.