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la victoire, il distribua le butin. Nous eûmes six cochons, et les autres furent donnés aux grenadiers à cheval ; grâce à ce partage, nous pûmes nous régaler d’excellentes grillades.

Le soir, l’empereur sortit encore de sa tente, et monta à cheval pour parcourir les avant-postes. Pour éclairer sa route, Brune et quelques grenadiers à cheval, de son escorte, portaient des torches allumées : ce fut le signal d’une illumination générale. Chacun prit, aux baraques, une poignée de paille dans chaque main et l’alluma. On vit bientôt briller, sur tout le front de notre armée, d’innombrables lumières ; puis, quand l’empereur passait il était reçu par des acclamations frénétiques, la musique résonnait, les tambours battaient aux champs.

Du haut des montagnes de Pratzen, les Russes pouvaient entendre tous ces bruits et voir cet incroyable spectacle. Ils pouvaient calculer le nombre et deviner l’enthousiasme de cette armée, qui se préparait à leur souhaiter le bonjour dès le lendemain matin.

Dans la nuit, on nous lut la fameuse proclamation où le plan de la bataille était indiqué d’avance, et où les résultats de la victoire nous étaient déjà signalés.

Le 2 décembre, bien avant le jour, l’empereur se rendit une dernière fois aux avant-postes pour s’assurer des positions de l’armée russe ; il revint se placer sur une petite montagne située au-dessus de l’endroit où il avait passé la nuit, mais toujours en face des plateaux de Pratzen. Il nous fit mettre en bataille derrière