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ne gagne plus de batailles avec nos bras, mais avec nos jambes.

À Brunn, nous eûmes le temps de nous reposer. Le gros de l’armée était du côté d’Austerlitz, et, tous les jours, l’empereur allait voir les lignes. Il revenait content. Les prises de tabac marchaient bon train ; il se promenait les mains derrière le dos et parlait à tout son monde. Bientôt il nous donna l’ordre de partir et de nous porter en avant. Nous nous arrêtâmes en face le plateau de Pratzen, et nous y campâmes. Devant nous se trouvait un ruisseau tout gelé ; à côté, les grenadiers Oudinot, et, derrière, la cavalerie.

Le 1er décembre 1805, Napoléon vint nous visiter avec ses maréchaux. Il passa devant notre front de bandière ; nous étions en train de manger du cotignac, dont nous avions trouvé d’énormes pots dans les villages voisins, nous en faisions de grandes tartines. L’empereur se mit à rire en nous voyant. Ah ! dit-il, vous mangez des confitures. C’est bien, ne bougez pas ; mais il faut mettre des pierres neuves à vos fusils, demain matin vous en aurez besoin : tenez-vous prêts.

Au même moment passaient quelques grenadiers à cheval, qui poursuivaient une douzaine de cochons fuyant devant eux ; dès que nous aperçûmes ce gibier, nous mîmes le sabre à la main pour lui barrer le passage, et nous manœuvrâmes si bien que tous les cochons furent pris. L’empereur s’arrêta pour assister à ce combat d’un nouveau genre, il riait aux éclats. Puis, après