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touré de sa garde et protégé par cinquante pièces de canon braquées dans la direction d’Ulm. Je fus mis en faction à quelque distance de lui ; je l’entendais parler au comte Hulin, général des grenadiers à pied. Il avait fait allumer un bon feu, et, tout en causant, il se chauffait par derrière, si bien qu’il brüla sa capote grise.

Tout-à-coup, on vit sortir de la ville l’armée autrichienne qui s’était rendue. Elle s’avançait en bon ordre jusqu’en face de l’empereur. Arrivés à ce point, les soldats qui avaient passé leurs gibernes et leurs sabres par-dessus leur sac, s’en débarrassaient et jetaient leurs fusils en un tas. Je ne sais au juste le nombre de ceux qui déposèrent ainsi les armes, mais le défilé semblait ne devoir jamais finir. On ne peut avoir l’idée d’un pareil spectacle. Le général Mack s’avança près de l’empereur pour lui remettre son épée : c’était un petit homme avec un ventre énorme. Napoléon refusa de le désarmer et lui laissa son épée, ainsi qu’à ses officiers ; il s’entretint même longtemps avec eux.

Le soir, nous fîmes notre entrée dans Ulm, aux acclamations de tout le peuple, et l’empereur nous adressa cette belle proclamation qui finit par ces mots : Mes soldats sont mes enfants !

De là nous partîmes pour Augsbourg, puis pour Schœnbrunn : puis nous entrâmes dans Vienne, et, après maints détours, on nous dirigea sur la Moravie. Nous étions harrassés de fatigue. L’empereur, disions-nous,