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cinq heures, nous passâmes le Danube, et, gravissant l’énorme montagne sur laquelle est situé le village d’Elchingen, nous nous installâmes autour du couvent qui servait de quartier général à l’empereur. Ce pauvre village avait été le théâtre d’une lutte acharnée. Tous les habitants étaient partis : chaque maison avait été enlevée d’assaut. Les Autrichiens s’étaient battus en déterminés, et n’avaient cédé qu’à la fougue irrésistible du maréchal Ney.

Nous n’avions pas pris part à cette bataille et nous n’étions pas las. Mais, en revanche, nous étions trempés jusqu’aux os. Pour nous sécher, nous fîmes des feux gigantesques, si bien qu’une jolie petite maison bourgeoise en fut incendiée. Malgré nos efforts, il ne fut pas possible de réparer le mal et de la sauver. Quand l’empereur l’apprit, il se mit dans une grande colère : vous la paierez, nous dit-il ; je vais donner six cents francs, et vous, vous donnerez chacun un jour de votre paie ; je veux que toute la somme soit versée de suite au propriétaire. Les officiers faisaient la grimace, mais il fallut s’exécuter, et le propriétaire reçut bien plus qu’il n’avait perdu par notre fait.

Nous restâmes à Elchingen jusqu’à la reddition d’Ulm, et nous n’en sortîmes que pour voir les troupes du général Mack, après la capitulation, défiler devant nous.

L’empereur était placé sur une petite montagne en pain de sucre qui dominait toute la vallée. Il était en-