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mettre des voitures en réquisition pour ramasser les traînards.

À Strasbourg, l’empereur nous passa en revue ; de la nous fûmes dirigés à grandes journées vers Stuttgard, puis sur Ulm. Nous arrivâmes un matin sur les rives du Danube. Il pleuvait à verse. On nous installa dans un pré. À cinq ou six cents pas de nous se trouvait un pont que le maréchal Ney avait fait rétablir le matin. Il s’en était servi pour jeter son corps d’armée sur la rive opposée et attaquer le village d’Elchingen ; on entendait, dans cette direction, une canonnade épouvantable.

Il y avait à côté de nous, sur notre gauche, des dragons qui barbottaient dans la boue ; on vint les chercher : ils passèrent le Danube et s’élancèrent à leur tour sur les coteaux d’Elchingen. On nous laissa tranquillement dans notre pré. La pluie continuait de tomber à torrents ; nous avions de l’eau jusqu’à mi-jambes. Il fallait voir la garde riant et sautant au milieu de cette inondation. J’avais sur mon sac la marmite de mon ordinaire ; elle n’était pas renversée et toute la pluie s’y accumulait. Quand je la sentais pleine, je me penchais de côté et je la vidais dans les jambes de mes camarades : c’était l’occasion de nouveaux rires.

Pendant une portion de la journée, le pont disparut sous les eaux qui avaient cru presque subitement. Mais, vers le soir, on commença à revoir les planches qui, par bonheur, n’avaient pas été entraînées. À quatre ou