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sergent ajusta un mortier et la bombe passa par-dessus le vaisseau. — Tu as manqué ton coup, s’écria le petit caporal.

— Eh bien voyez celui-ci, reprit le grenadier.

Il ajusta de nouveau et la bombe s’enfonça au beau milieu du vaisseau, qu’elle partagea pour ainsi dire en deux. Ce ne fut chez nous qu’un cri de joie.

L’empereur, enchanté, demanda au sergent comment il se nommait. — Despiennes, répondit-il. — Eh bien ! Despiennes, je te fais lieutenant dans mon artillerie.

De leur côté, voilà les Anglais qui tirent à poudre pour appeler à leur secours. Le feu s’emparait de leur vaisseau, Nous descendons ; on met à la mer toutes les barques disponibles, et nos ennemis sont trop heureux de s’y précipiter pour gagner le rivage, car bientôt leur vaisseau s’enfonça et disparut dans les flots. L’empereur ne voulut pas garder ces prisonniers : il dit qu’ils n’étaient pas de bonne prise, et les renvoya chez eux. Là, sans doute, ils racontèrent comment leur orgueil avait été puni, et personne ne fut plus tenté de les imiter.

Étant au camp d’Ambleteuse, je reçus la visite de mon ancien camarade de lit, en compagnie duquel j’avais fait mes débuts dans la garde. J’ai déjà dit qu’il était le plus grand de tous les grenadiers ; du reste, charmant garçon, doux, enjoué, un peu goguenard. Je ne puis me rappeler son nom ; je me souviens seulement qu’il était fils d’un aubergiste des environs de