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rentrée à la réserve. Le capitaine furieux, exaspéré, fut obligé de revenir sur ses pas et de nous emmener derrière la flotte, où nous assistâmes paisiblement au reste de la bataille.

Vers la même époque, l’empereur arriva de Paris et il nous passa tous en revue sur les bords de la mer ; c’était un spectacle incomparable. Jamais les Anglais n’avaient vu, et peut-être ils ne verront jamais, tant d’hommes réunis vomir sur leur Manche une telle quantité de feux. Cinquante pièces de canon tonnaient à la fois. Le rivage en tremblait.

Mais tout cela ne les déconcertait pas. Un jour j’étais sur la grève, au-dessous de notre camp d’Ambleteuse ; je vis, à quelque distance en mer, paraître un vaisseau anglais. L’insolent venait droit à la côte : pourtant je ne pensais pas qu’il pût songer à faire feu, et je le regardais paisiblement. Pas du tout ; il lâcha bordées sur bordées, et comme nos baraques étaient sur les dunes, à cent cinquante pas environ de la mer, les boulets arrivaient jusqu’à elles. Heureusement nous avions là des canons et des obusiers : la réponse ne se fit pas attendre ; et moi, qui m’étais sauvé du rivage en grande hâte, j’arrivai juste pour assister à la manœuvre. Le grand homme était présent. Un sergent des grenadiers à pied de la garde lui demanda la permission de pointer, assurant qu’il coulerait le vaisseau anglais du premier ou du second coup. L’empereur consentit : Mets-toi à l’œuvre, dit-il, et voyons ton adresse. — Notre