Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée
110

Il fallait voir tous ces petits carlins attaquer les gros dogues sans relâche et sans peur. Les Anglais furent obligés de s’éloigner au large, et la flotte hollandaise qui, de son côté, faisait bravement son devoir, finit par nous rejoindre.

Une fois réunis, l’amiral nous lâcha tous sur l’ennemi. Ma corvette marcha en avant ; j’étais servant de droite d’une pièce de canon, et je me trouvais à côté de la petite table où est le livre des signaux. Quand nous fûmes à portée des vaisseaux anglais, j’entendis celui qui tenait ce livre et qui avait toujours les yeux braqués sur le vaisseau amiral dire au capitaine : signal d’abordage ! Le capitaine, qui était un vieil enragé, ne se le fit pas répéter deux fois ; il cria dans son porte-voix : tout le monde au poste d’abordage ! Immédiatement les matelots se précipitèrent à la place qui leur était indiquée d’avance. On vit paraître à tous les points du vaisseau les harpons, les crocs, les haches, les espingoles. On apporta aussi, sur le pont, du vin et de l’eau-de-vie. Moi je me rapprochai de la pièce que je servais.

Le capitaine commanda : vent dessus. Nous avançâmes rapidement vers la ligne anglaise, Mais, au moment où nous allions virer de bord pour attaquer le vaisseau ennemi que nous avions en face, une frégate française passa à côté de nous avec un bruit épouvantable et avec la rapidité de l’éclair. Elle nous devança, vira de bord et se mit entre nous et le vaisseau anglais. En même temps l’homme aux signaux cria : signal de