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Le maitre cambusier m’entendit et voulut me connaître ; où est-il donc, dit-il, ce vieux soldat ?

— Me voilà.

— Eh bien je vais vous mettre dans une bonne place.

Il descendit mon hamac près des caisses de biscuit, leva la douve d’un tonneau avee son ciseau. Tenez, ajouta-t-il, mangez du biscuit et demain je vons donnerai le bouzaron.

Le bouzaron, c’était la petite mesure d’eau-de-vie. il tint sa promesse, et je n’eus pas à me repentir de sa bienveillance à mon égard.

Bientôt des signaux annoncèrent l’arrivée de la flotte hollandaise. Alors toute la nôtre se dispose à marcher au-devant d’elle. Nous allâmes jusque vers la pointe de Grisnez : c’était là que les Anglais portaient tous leurs efforts pour empêcher notre jonction, parce que leurs vaisseaux pouvaient, en cet endroit, s’avancer jusqu’au pied des Dunes, vu la profondeur de l’eau. Ils espéraient empêcher la flotte hollandaise de passer cette pointe ; mais l’empereur, ayant tout prévu, avait fait établir des batteries sur les falaises. On voyait d’en bas fumer les forges dans lesquelles rougissaient les boulets.

Quand les Hollandais arrivèrent, ce fut une bataille épouvantable. L’artillerie du rivage, passant par-dessus nos têtes, foudroyait la flotte ennemie. Nos petits bateaux lui faisaient d’énormes dégats : tous les coups portaient, tandis que les leurs passaient par-dessus nos péniches et nos bateaux plats.