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La nuit, on entendait crier d’un bout de la ligne à l’autre, de quart d’heure en quart d’heure : bon quart ! et le dernier vaisseau terminait en criant : bon quart partout ! Au matin, le parte-voix du vaisseau amiral demandait le rapport de la nuit. — Qu’est-ce qu’il y a de nouveau à votre bord ? — Une fois notre bâtiment interpellé de la sorte, répondit : on vous fait savoir qu’il y a deux grenadiers qui se sont f… à l’eau.

— Sont-ils noyés ?

— Oui.

— À la bonne heure !

Il paraît qu’en langage de marine ces derniers mots signifient seulement : j’ai entendu, j’ai compris. Mais à cause de la nouvelle que nous annoncions, la réplique nous parut singulière. Du reste, il n’était pas vrai que les deux soldats tombés à l’eau se fussent noyés : on les avait repêchés à temps.

Je restai quelques jours sur une corvette, en compagnie de cent autres grenadiers, sans compter les marins. Nous avions dix pièces de gros calibre à manœuvrer. Le capitaine était un vieux marin couvert de blessures ; il avait la figure martelée de coups de sabre ou de hache.

Nous couchions dans des hamacs, et quand mon tour venait de dormir, allons, disais-je d’une voix dolente, allons, vieux soldat, te voilà dans ton hamac, allons, repose-toi.