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de grenadier, trois mois de mon traitement de légionnaire : ce qui, en tout, me donna deux cents francs et remonta mes finances.

À cette époque, le beau camp de Boulogne était en pleine activité. Depuis un an environ, une armée considérable s’y trouvait réunie, pendant que nous autres, de la garde, nous faisions la belle jambe à Paris. Mais notre tour arriva. Faites vos sacs, dirent nos officiers ; faites vos adieux à tout le monde, vous partez tous, il ne reste que les vétérans. En effet, l’ordre vint de nous rendre immédiatement à Boulogne.

On nous établit près du port d’Ambleteuse, dans un beau camp que nous trouvàmes tout fait ; nons étions là avec je ne sais quelle portion de l’armée, et nous avions au-dessus de nous les douze mille grenadiers Oudinot, qui faisaient partie de la réserve.

Nous fûmes embrigadés pour faire, chacun notre tour, le service sur la flotille qui était embossée à quelque distance des côtes. Il y avait là des péniches, des bateaux plats, des prames, des chaloupes canonnières, des corvettes, des frégates, des vaisseaux de ligne : le tout divisé par section et commandé par un bon amiral, qui était monté sur une belle frégate au milieu de nous. On nous apprit à manœuvrer les bateaux plats et à donner le coup d’aviron en cadence, puis à servir les pièces de canon, à monter à l’abordage, à manier le grapin, les cros, les haches, Nous étions tour-à-tour marins, canonniers, soldats.